Camions et entrepôts pillés, toiture d'église et monument
aux morts démontés, hélices de bateaux, câbles
téléphoniques ou caténaires arrachés: les vols
de cuivre, aluminium, bronze et autre zinc, dont les cours flambent, ont augmenté
de près de 50% depuis six mois en France.
Le nombre des plaintes enregistrées pour vols de métaux est passé de 1.492 pour le premier semestre de 2005 à 2.182 pour la même période de 2006, soit une augmentation de 46 %, selon le colonel Philippe Schneider, chef de l'Office central de lutte contre la délinquance itinérante (OCLDI). "De plus, explique le chef de l'OCLDI à l'AFP, ces chiffres ne donnent qu'une idée approximative du phénomène car il y a certainement un chiffre noir, de nombreux vols ne donnant pas lieu à une plainte". Jean-Jacques Richard, président de la commission sûreté de La Fédération des entreprises de transport et logistique de France (TLF), première organisation professionnelle du transport routier, a également noté une augmentation des vols de métaux, "liée à la pénurie des métaux dans le monde".
Dernier vol important connu celui de près d'une tonne et demie de cuivre
dérobée dans la nuit de samedi à dimanche dans le centre
de recherche de Saint-Gobain à Pont-à-Mousson (Meurthe-et-Moselle).
Il y a une semaine, la société de matériel électrique
RMH de Maison Rouge (Seine-et-Marne) était cambriolée pour la
quatrième fois, les voleurs emportant cette fois-ci 14 bobines de cuivre,
soit près de deux tonnes. Le cuivre, métal dont le prix a le
plus augmenté, compte pour 60 % dans les vols de métaux, devant
l'aluminium (17 %) et l'inox (10 %)", souligne le colonel Schneider.
De fait, la répartition des vols par métaux suit le cours des
marchés internationaux où la tonne de cuivre, avait atteint
en mai 8.800 dollars, triplant en un an tandis que la tonne de l'aluminium
doublait.
L'acier, revendu à certaines entreprises peu regardantes sur l'origine
des métaux, est également une cible privilégiée
des voleurs de métaux. Le 27 juillet, deux hélices d'1,60 mètre
de diamètre, pesant chacune plusieurs centaines de kg, stockées
sur des palettes, étaient volées sur un embarcadère à
La Barre de Monts (Vendée). Elles servaient de pièces de rechange
pour les bateaux faisant la navette avec l'île d'Yeu.
Par ailleurs, relève le colonel Schneider, les malfaiteurs, ne visent
désormais plus seulement les métaux contenus dans les entrepôts,
comme les trente tonnes de bronze d'une valeur de 150.000 euros dérobées
en mai dans une usine d'Eu (Seine-Maritime), mais s'attaquent à des
sites, des bâtiments ou des monuments.
Des vols de câbles en cuivre, de rails en acier et de coffrages en aluminium
ont ainsi lieu régulièrement sur le chantier du futur tramway
de Marseille.
La semaine dernière, trois hommes, des pères de famille en situation
précaire, ont été condamnés à trois et
quatre mois de prison de prison ferme pour le vol de cuivre dans un centre
commercial de Bègles dont un local vide a avait été dépouillé
de la presque totalité de son système électrique, soit
250 kg de fils de cuivre.
Début juillet, 30 m2 de la toiture en zinc d'une église d'Haubourdin
(Nord) ont été dérobés alors qu'au mois d'avril,
une partie d'un monument en bronze dans l'Aisne, dédié à
la mémoire des morts de l'offensive du Chemin des Dames en 1917, était
découpée à la scie à métaux.
Inquiétante recrudescence des vols de métaux